La place de la République autonome du Nakhitchevan dans les relations turco-azerbaïdjanaises
1D’aucuns soutiennent que le Nakhitchevan est la plus ancienne ville du monde. C’est en effet ici que serait venu habiter Noé après être descendu du sommet de l’Ararat où s’était posée son arche. Au XVIIe siècle, le voyageur Evliya Çelebi, ébloui par les édifices de la ville, la décrit comme l’une des splendeurs du monde.
Carrefour sur la route de la Soie
2Le Nakhitchevan, d’une superficie de 5500 km2, au cœur d’une région montagneuse, drainée au sud par la rivière Araxe, se trouve à la frontière de l’Iran. Il devient au XIXe siècle un important nœud de communication : avec l’ouverture du poste frontière de Culfa, le Nakhitchevan devient la porte d’accès vers l’Iran. Culfa est la plus importante porte douanière de l’empire tsariste. Surnommée la Porte de l’Orient, l’enclave est située à l’intersection de réseaux ferroviaires qui assurent les liaisons est-ouest et nord-sud. Durant la période soviétique, 30 locomotives, tirant chacune 150 wagons, passaient chaque jour par Culfa.
Le Nakhitchevan durant la guerre du Haut Karabagh
3Le Nakhitchevan est rattaché à l’Azerbaïdjan en 1920 par les dirigeants soviétiques malgré les protestations de l’Arménie. Le traité de Kars de 1921, qui définit le tracé des frontières entre l’URSS et la Turquie, confère à cette dernière l’obligation de garantir le statut et l’intégrité territoriale du Nakhitchevan.
- 1 Le poste frontière de Sadakli entre l’Arménie et le Nakhitchevan est fermé dès l’année 1991.
4Le conflit du Haut-Karabagh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan coupe le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan en 1993. L’offensive arménienne contre le Nakhitchevan ne parvient pas à dépasser Sadakli1. Tansu Çiller, premier ministre turc de l’époque, demande à l’Assemblée nationale l’autorisation d’utiliser les troupes armées au cas où l’Arménie s’attaquerait au Nakhitchevan, et les effectifs militaires à la frontière arménienne sont placés en état d’alerte. Cette mesure semble avoir eu un effet aussi dissuasif que les manœuvres diplomatiques entre Haydar Aliyev, Président du Conseil de la République autonome du Nakhitchevan, et le pouvoir à Moscou.
Une région sous blocus
5La République autonome du Nakhitchevan, dont l’intégrité territoriale est préservée, est enclavée par l’Arménie à l’ouest, au nord et à l’est. Toute communication terrestre avec l’Azerbaïdjan est coupée. La compagnie nationale azerbaïdjanaise de transport aérien est seule à assurer des liaisons entre Bakou et le Nakhitchevan.
6Le fonctionnement d’une grande partie du réseau ferroviaire est interrompu. La liaison en direction du nord, qui permet de relier le Nakhitchevan à la Russie, à la Géorgie et à la Turquie, à travers le territoire arménien, est coupée, de même que la liaison en direction de l’est rejoignant Bakou. Le réseau ne peut être utilisé que sur une très petite partie : seule une liaison interne jusqu’à la ville d’Ordubad est assurée. Le train ne peut aller au-delà de la ville d’Ordubad qui ne se trouve qu’à une vingtaine de kilomètres de la ville arménienne de Meghri. La liaison ferroviaire en direction du sud vers l’Iran est toujours en activité.
7L’effet du blocus arménien est d’autant plus nuisible que les infrastructures établies à l’époque soviétique assuraient l’approvisionnement en énergie à travers l’Arménie. L’Arménie a mis un terme à l’approvisionnement en gaz et en électricité de la République autonome du Nakhitchevan.
8L’éclatement de l’Union soviétique et la fermeture de la frontière arménienne condamnent l’enclave à un isolement total qui se manifeste non seulement par l’interruption des communications et l’arrêt de l’approvisionnement en gaz et en électricité mais aussi par la perte des marchés d’exportation.
9Le Nakhitchevan était traditionnellement une zone de viticulture. La récolte de raisins s’élevait à 170 000 tonnes par an. 17 usines produisaient du vin. La fermeture de la frontière arménienne ruine totalement le secteur. Les vignes sont arrachées. En effet, le monopole d’État sur les spiritueux interdit toute exportation vers la Turquie, celle vers l’Iran étant d’emblée exclue. Les usines cessent leur activité. Construites à l’époque soviétique, non seulement elles souffrent d’une obsolescence technologique, mais également d’une surcapacité de production. La production industrielle du Nakhitchevan était destinée à une vingtaine de pays. Une usine textile y avait la capacité de produire pour tout le marché turc.
Hasret Kapısı, la Porte de l’Espérance
10L’ouverture du poste frontière avec la Turquie crée une voie de sortie vers l’ouest qui revêt une grande importance dans ce contexte d’enclavement. La frontière entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, d’une longueur de 10 km, était restée hermétique depuis 1921. L’isolement entre les provinces frontalières turque et azerbaïdjanaise était tel que les habitants de la République autonome du Nakhitchevan ignoraient que leurs voisins parlaient quasiment la même langue qu’eux. Les habitants de Sadarak, qui ont pu se doter d’une antenne de télévision, ont découvert dans les années 70, en captant la chaîne nationale turque, la langue parlée de l’autre côté de la frontière.
11Le poste frontière appelé Dilucu, et surnommé Hasret Kapısı (La porte de l’espérance), s’ouvre en mai 1992. Le pont construit sur l’Araxe, fleuve frontalier, permet de relier la Turquie et le Nakhitchevan. Les nouveaux liens qui s’établissent avec la Turquie sont d’une importance cruciale pour la République autonome du Nakhitchevan.
L’intensité des liens avec la Turquie
12Le blocus arménien et l’interruption de toute communication terrestre avec l’Azerbaïdjan rendent le Nakhitchevan étroitement dépendant de l’Iran et de la Turquie. Si les relations tissées avec l’Iran s’appuient sur une logique commerciale, celles établies avec la Turquie sont d’une toute autre nature. L’économie de l’enclave est presque entièrement restructurée grâce aux aides octroyées par la Turquie.
Approvisionnement en électricité
13La centrale électrique d’une capacité de 15 mégawatts construite sur le fleuve Araxe ne peut assurer une production d’électricité suffisante pour les besoins de l’enclave. La consommation d’électricité par habitant est très élevée comme dans l’ensemble de l’Azerbaïdjan. Depuis l’interruption de l’approvisionnement en gaz, le chauffage électrique constitue l’unique mode de chauffage. La moitié de l’électricité consommée est fournie par la Turquie, l’autre moitié par l’Iran. L’achat d’électricité à l’Iran repose sur un accord de clearing établi avec l’Azerbaïdjan : l’Azerbaïdjan fournit de l’électricité à l’Iran qui à son tour approvisionne le Nakhitchevan. Les livraisons d’électricité depuis la Turquie constitue de facto un don : la dette de l’enclave envers la Turquie s’élevait à la fin de l’année 2002 à 110,8 millions de dollars, mais les perspectives de recouvrement de cette somme paraissent très faibles.
14En hiver, une coupure d’électricité se produit toutes les 2 à 4 heures. Pourtant, les hivers sont rigoureux, la température pouvant avoisiner -25° C. Et rares sont les bâtiments qui possèdent un générateur. La ville n’étant pas éclairée, toute activité cesse dès la tombée de la nuit. Les poteaux électriques qui jalonnent la route de Sadarak menant au poste frontière de Dilucu attestent de ce lien vital avec la Turquie. Pourtant, la province frontalière turque d’Iğdır ne dispose pas d’électricité en quantité suffisante, à tel point que la douane de Dilucu n’est souvent pas correctement éclairée.
La production de sucre
15La Turquie a encouragé l’industrie sucrière. L’objectif consistait à remplacer la viticulture par une autre culture. L’assistance de la Turquie se manifeste dans toute la chaîne de la production.
16Les graines et les machines sont fournies par la Turquie. La récolte est transformée en sucre dans la fabrique d’Iğdır. La Turquie prend également en charge le transport entre le Nakhitchevan et Iğdır. Le volume de la production ainsi transformée est fixé par un protocole à 94 000 tonnes. L’accroissement de la production nécessitera l’établissement de nouveaux protocoles. Par ailleurs, le niveau d’autosuffisance en sucre étant atteint, la nécessité de trouver des marchés d’exportation se fait sentir avec acuité.
L’université du Nakhitchevan
- 2 Ces estimations sont fournies par le Consulat de Turquie du Nakhitchevan
17L’aide de l’État turc à l’université s’élève à 500 000 dollars. Les étudiants turcs sont un apport économique non négligeable. Au nombre de 300 environ, leurs dépenses annuelles, comprenant les frais d’inscription, de logement et de nourriture, s’élèveraient à 600 000 dollars par an2.
Coopération militaire
18La Turquie soutient l’armée du Nakhitchevan : elle prend en charge les dépenses de nourriture et d’habillement d’environ 11 000 militaires. 23 officiers turcs travaillent dans l’enclave. Une aide médicale est également fournie. L’aide turque couvre tous les domaines, à part l’approvisionnement en munitions.
19Si l’aide directe fournie par la Turquie constitue un apport considérable pour l’enclave, c’est essentiellement le commerce frontalier de pétrole avec la province turque d’Iğdır qui modèle en profondeur les structures politiques et économiques du Nakhitchevan. Depuis l’interdiction de ce commerce en septembre 2002, Iğdır et le Nakhitchevan sont privés de la manne financière sur laquelle reposaient les nouveaux rouages de la politique économique.
Le commerce frontalier de pétrole, base du nouveau système politique et économique du Nakhitchevan
20Un décret gouvernemental daté du 3 décembre 1992 autorise la province d’Iğdır à faire du commerce frontalier avec le Nakhitchevan.
21Un second décret visant à promouvoir le développement des relations économiques avec les pays de la CEI, autorise les provinces frontalières à importer du pétrole dans le cadre du commerce frontalier. La préfecture est chargée d’établir le cadre dans lequel doit s’effectuer ce commerce.
Le système économique du commerce du pétrole
22Les licences délivrées par les préfectures d’Iğdır et du Nakhitchevan permettent de rationaliser le commerce frontalier du pétrole. Le nombre de licences délivrées varie dans le temps en fonction de la quantité totale de pétrole transportée. Du côté turc, les licences sont octroyées aux véhicules mêmes, tandis que du côté azerbaïdjanais, les licences sont délivrées aux individus qui disposent donc de la possibilité de les céder. La préfecture d’Iğdır délivre des licences en prenant en compte la capacité des véhicules. Il existe des licences pour des véhicules de 4 ou de 8 tonnes. Au Nakhitchevan, la plupart des véhicules sont de type « gazel », de fabrication russe et d’une capacité de 3-4 tonnes.
23La quantité de pétrole importée en Turquie varie dans le temps. Entre 1997 et 1998, elle était de 30 000 tonnes par mois. Elle est passée à 25 000 tonnes entre 1998 et 1999. De 1999 jusqu’à la date de l’arrêt de ce commerce, elle s’est stabilisée à 15 000 tonnes. La diminution du volume du pétrole importé en Turquie atteste simplement de l’application, du côté turc, de la réglementation établie par la préfecture. Le manque de surveillance au niveau du poste frontière de Dilucu, qui n’était même pas doté d’une balance, avait permis jusqu’en 1999 l’importation d’importantes quantités de pétrole.
24À suivre un raisonnement purement commercial, on pourrait penser que le pétrole ainsi transporté est d’origine iranienne, pétrole dont l’importation est interdite en Turquie en raison d’une incompatibilité de normes. Pourtant, il semblerait que le pétrole soit bien d’origine azerbaïdjanaise, la confusion étant due à son mode d’acheminement jusqu’au Nakhitchevan. Dans les premiers temps, le pétrole était d’abord déchargé dans le port iranien de Enzali. Actuellement, le transport se fait uniquement par la route. L’erreur à propos de l’origine du pétrole tiendrait au fait que les poids lourds immatriculés en Iran en assurent le transport. Le choix de véhicules iraniens diminue les coûts de transport, ces derniers étant exemptés de la taxe de transit de 360 dollars exigée par l’Iran.
Retombées économiques du commerce frontalier du pétrole sur Iğdır et le Nakhitchevan
25Le commerce de pétrole a assuré une manne financière pour Iğdır et le Nakhitchevan. Nombreux sont les habitants qui en ont bénéficié des deux côtés de la frontière.
26Du côté turc, la répartition du profit suivait le schéma suivant. Quand le nombre de licences octroyées s’élevait à 2 800, chaque véhicule se rendait au Nakhitchevan tous les 17 jours et réalisait un profit de 400 dollars. Le nombre de véhicules licenciés étant passé à 5 845, la fréquence des trajets au Nakhitchevan a été limitée à une fois tous les trois mois. Le profit réalisé par trajet se situait aux alentours de 900 à 1000 dollars. L’attente au poste frontière, qui pouvait durer 34 heures, n’avait pas d’effet dissuasif.
27Du côté azerbaïdjanais, la vente des licences d’exportation de pétrole est devenue le principal mode de subsistance de la population du Nakhitchevan. La licence était monnayée à 500 dollars et donnait un droit de passage tous les six mois. Le propriétaire du véhicule touchait par ailleurs 50 dollars par trajet effectué. La concentration des licences entre les mains d’un nombre limité de particuliers a conduit à la recomposition des structures politico- économiques de l’enclave. L’exploitation de la rente du commerce frontalier du pétrole avec la province turque d’Iğdır a permis la constitution de fortunes locales. La distribution de la rente était assurée par la vente des licences d’exportation. Ainsi, le chef de la douane de Sadarak est considéré comme une des figures clés de ce commerce.
28Du côté turc de la frontière, ce commerce frontalier de pétrole est à l’origine de l’essor considérable de la ville d’Iğdır. L’afflux de liquidités y est considérable et la circulation de liquidités y atteindrait en une semaine 1,5 millions de dollars. La concentration des bureaux de change et d’hôtels y est surprenante pour une ville de province. On peut y observer une tendance à la concentration des licences d’importation. Le maire de la ville, propriétaire de la seule firme de transport, Iğdır Turizm, est le plus important acteur du commerce frontalier de pétrole.
29Le commerce de pétrole, en soutenant la demande interne au Nakhitchevan, permet le développement d’un flux d’échanges bilatéral. En 2001, le montant des exportations depuis Iğdır vers le Nakhitchevan se situait à 13,5 millions de dollars, tandis que le montant des importations était de 1,6 millions de dollars.
Coût du commerce frontalier de pétrole pour le budget de l’État
30La décision d’arrêter le commerce frontalier de pétrole a été prise en juillet 2002 par un gouvernement de coalition auquel participait le parti nationaliste MHP. Elle a été mise en application le 1er septembre 2002. La principale raison invoquée était le manque à gagner pour le budget de l’État. En août 2002, le prix de vente du pétrole en provenance du Nakhitchevan était de 930 000 livres turques par litre, tandis que le prix du pétrole à l’échelle nationale atteignait 1 308 000 livres turques par litre. Or, rien n’empêchait le pétrole importé à Iğdır d’être écoulé dans les autres villes de la Turquie.
31La décision d’interrompre le commerce transfrontalier peut s’expliquer à la lumière de données conjoncturelles. Certains de nos interlocuteurs à Iğdır et au Nakhitchevan ne manquent pas de souligner que la décision a suivi la privatisation de la firme de distribution de pétrole Petrol Ofisi et son achat par l’influent groupe Doğan.
32L’interdiction édictée semble d’autant moins justifiée aux yeux des habitants d’Iğdır impliqués dans le commerce pétrolier que leurs activités étaient taxées. La taxe était payée juste à l’entrée de la douane et s’élevait à 631 millions de livres turques pour un véhicule d’une capacité de 4 tonnes. Le pétrole était ensuite vendu au niveau de Aralık. Les conducteurs turcs devaient également s’acquitter de 650 dollars dès l’entrée sur le territoire du Nakhitchevan et payer ensuite une taxe de 850 dollars. Notons néanmoins qu’en décembre 2002, 134 personnes étaient placées en garde à vue et 84 autres incarcérées dans le cadre d’une enquête sur l’importation illégale de pétrole depuis le Nakhitchevan.
Les effets de l’interruption du commerce de pétrole
33L’étendue de la population qui vit du commerce de pétrole a amplifié les effets de la décision d’interruption. Du côté turc, environ 300 000 personnes bénéficiaient de ce commerce, tandis qu’au Nakhitchevan, la population concernée était de 40 000 personnes.
34L’activité du poste frontière de Sadarak/ Dilucu a considérablement diminué depuis l’arrêt du commerce pétrolier. Avant le 1er septembre, le nombre quotidien d’entrées de véhicules au Nakhitchevan était de 1000, tandis que 400 se rendaient en Turquie. Actuellement (début 2003), le nombre mensuel de véhicules traversant le poste frontière atteindrait à peine 1000. Le nombre de passages quotidiens ne s’élèverait plus qu’à 30 véhicules.
L’ouverture sur l’Iran : le développement des relations économiques avec l’Iran
35Le poste frontière de Culfa ouvre le Nakhitchevan sur l’Iran. Le point de passage de Şahtağtı assure quotidiennement une circulation de 150 personnes entre le Nakhitchevan et l’Iran.
36Il est fréquent de croiser des commerçants iraniens au centre-ville. Le volume du commerce avec l’Iran est faible. L’essentiel de ce commerce est réalisé par les trabendistes. La réglementation est à l’origine du développement du commerce à la valise entre le Nakhitchevan et l’Iran. Les ressortissants iraniens sont autorisés à introduire en Iran des marchandises d’un montant total de 80 dollars par an. Le montant était précédemment fixé à 300 dollars.
Les revenus douaniers du Nakhitchevan en Novembre 2002
Total des taxes douanières de novembre 2002 |
1 055 853 441 manats |
Recettes de l’État |
8 millions de manats |
de novembre 2002 |
|
Recettes de la douane de Sadarak |
906 124 000 manats |
Recettes de la douane de Culfa et Şahtağtı |
148 876 manats |
(Source : Ministère des Finances de la République autonome du Nakhitchevan.)
37Cette activité commerciale s’est particulièrement développée au niveau de la zone franche de Culfa. Le poste frontière de Culfa est entouré d’une série de petits magasins qui vendent des produits textiles, de consommation courante ainsi que des produits électroniques. L’essentiel des marchandises provient de la Turquie et des Émirats-Arabes-Unis. Elle est destinée aux clients iraniens. Les ressortissants iraniens franchissent la frontière à pied pour acheter un ou deux produits et retourner immédiatement dans le Culfa iranien. Cette forme de commerce est également pratiquée par les femmes âgées, l’unique condition étant de disposer d’un passeport iranien.
38Les importations proviennent essentiellement de Turquie ; l’arrêt du commerce frontalier de pétrole a réduit considérablement le pouvoir d’achat de la population du Nakhitchevan, mais n’a pas eu d’effet sur la source d’approvisionnement. Si une partie des produits importés de Turquie continue à être consommée sur place, une part croissante est réexportée vers l’Iran.
Comment le Nakhitchevan a réagi à la décision de l’arrêt du commerce de pétrole
La décision suscite l’incompréhension. Les autorités publiques ainsi que les particuliers impliqués dans ce commerce sont unanimes pour condamner la décision du gouvernement turc. Le réflexe est de crier à la trahison.
« Nous regrettons le Président Demirel, qui avait dit que le préfet d’Iğdır était également le préfet du Nakhitchevan, et que le Nakhitchevan était confié à la Turquie. »
« La Turquie se comporte comme si Dilucu était le poste frontière avec la Grèce ou la Syrie. Au poste frontière, ils nous traitent bien pire que les Arméniens. »
« Le soutien de la Turquie est nécessaire pour que le Nakhitchevan puisse résister aux Arméniens. »
« La Porte de l’Espérance a été ouverte pour maintenir la population sur place, les Arméniens souhaitent que le Nakhitchevan se vide de sa population. »
Il est intéressant de souligner que l’arrêt du commerce pétrolier est assimilé à une fermeture du poste frontière.
Notes
1 Le poste frontière de Sadakli entre l’Arménie et le Nakhitchevan est fermé dès l’année 1991.
2 Ces estimations sont fournies par le Consulat de Turquie du Nakhitchevan
© Institut français d’études anatoliennes, 2003
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