Lorsqu’en mai 1915 trois Etats, la France, la Grande-Bretagne et la Russie tiennent pour responsable le gouvernement turc de commettre de nouveaux crimes contre l’humanité et la civilisation par la Turquie en Arménie[1], ces Etats rappellent au monde entier que le crime de génocide perpétré contre le peuple arménien n’a pas débuté en 1915, comme la propagande négationniste voudrait bien le faire croire, mais bien avant, c’est-à-dire en 1894 par les massacres de Sassoun.
L’intention criminelle repose ici sur le fait indéniable que trois gouvernements successifs ont appliqué une politique génocidaire identique, c’est-à-dire la destruction physique d’une nation autochtone qui a plusieurs milliers d’années d’existence et, la spoliation non seulement de ses biens matériels et spirituels mais aussi de l’anéantissement ou de l’appropriation illicite de son histoire, de ses traditions, de ses expressions culturelles, de ses ressources génétiques, de ses savoirs traditionnels en un mot de sa Civilisation.
Selon la définition, le terme « négationnisme » est un néologisme créé en 1987 par l’historien Henry Rousso pour désigner le fait de contester la réalité du génocide mis en œuvre contre les Juifs. Par extension, le terme est régulièrement employé pour désigner la négation, la contestation ou la minimisation d’autres faits historiques qu’on pourrait aussi qualifier de crimes contre l’humanité,
Par extension aussi, nous pouvons préciser que falsifier l’histoire d’une nation autochtone, au point de mettre en doute voire de contester son autochtonie, dont l’objet criminel reviendrait à lui couper les racines existentielles qui fondent sa civilisation dans le temps, est un fait négationniste.
L’autochtonie de la nation arménienne d’Arménie Occidentale est défendue dans le cadre de l‘Organisation des Nations Unies par le Conseil National d’Arménie Occidentale et l’Assemblée des Arméniens d’Arménie Occidentale depuis 2006. Ces deux structures font l’objet de plusieurs accréditations qui ont permis de participer avec d’autres experts à l’élaboration de la Déclaration sur les Droits des Peuples Autochtones le 13 septembre 2007.
Ce travail unique pour les Arméniens survivants du génocide a transformé la donne politique au niveau international au point où les Arméniens sont admis par tous comme une nation autochtone de haute civilisation.
Nous pouvons rappeler ce premier mémoire[2], en direction de la Conférence Mondiale sur les peuples Autochtones en 2014 qui positionne la civilisation Hay (arménienne) à l’époque sumérienne.
Ce premier mémoire a été appuyé par un second mémoire[3] afin de réaffirmer la situation politico-juridique des Arméniens d’Arménie Occidentale.
Nous pouvions penser que les fondements ainsi figés, les Arméniens d’Arménie Occidentale pourraient s’employer à travailler sur le principe de reconstitution nationale post-génocidaire, avec l’émergence d’une gouvernance qui taille dans le marbre les droits à l’existence d’un peuple.
Nous avons pu constater que les choses ne vont pas être aussi simple.
L’appropriation illicite des biens et du patrimoine arménien se poursuit, c’est le cas de la forteresse de Diyarbakir[4] qui, a fait l’objet d’une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO sur la demande de la Turquie c’est-à-dire sur la demande de l’Etat recéleur du bien sans jamais avoir consulté les autorités d’Arménie Occidentale, les réels détenteurs des droits collectifs et patrimoniaux du peuple arménien et de son patrimoine.
Mais « la cerise sur le gâteau », cette année, si nous pouvons nommer les choses de cette façon, revient à l’exposition « Kalfayan » de Genève ;
Cette exposition se situe tout d’abord à proximité de l’Organisation des Nations Unies, c’est-à-dire là où les Arméniens d’Arménie Occidentale défendent leurs droits à l’autochtonie.
Ensuite, cette exposition a choisi comme titre « Sur le chemin de la mémoire », on s’attend donc dans un esprit de cohérence historique et d’unicité dans le combat contre la négation, d’une exposition venant renforcer les droits à l’existence des Arméniens autochtones en Arménie Occidentale.
Ce sera à la lecture d’une présentation historique par l’auteur même de l’exposition Monsieur Roupen KALFAYAN[5] que nous découvrons l’impensable.
[1] http://www.western-armenia.eu/stat.gov.wa/fr/2013/MEMORANDUM_DELEGATION_ARMENIE_OCCIDENTALE-11.05.2013-Partie_1.pdf
[2] http://www.western-armenia.eu/stat.gov.wa/fr/2013/MEMORANDUM_DELEGATION_ARMENIE_OCCIDENTALE-11.05.2013-Partie_1.pdf
[3] http://www.western-armenia.eu/stat.gov.wa/fr/2013/MEMORANDUM_DELEGATION_ARMENIE_OCCIDENTALE-11.05.2013-Partie_2.pdf
[4] https://westernarmeniatv.com/fr/official/francais-forteresse-de-diyarbakir/
[5] http://www.festivalagape.org/wp-content/uploads/2014/12/DP-Arm%C3%A9nie-v4.pdf
Dans sa présentation, l’auteur prétend que ses œuvres d’art proviennent des régions dures et montagneuses du plateau anatolien, désormais hors des frontières arméniennes.
Sur le plan géographique, on a voulu rappeler par cette carte, le centre naturel du haut-plateau arménien d’une superficie de près de 400.000 km² et les régions périphériques selon Lynch (1901).
Mais la surprise se trouve à Rome sur les murs de la Basilique de Constantine
Voici Rome au VIIIème siècle av. JC, à sa fondation
La République Romaine, après les Guerres puniques, en 146 av. J.-C.
Nous pouvons déjà constater sur cette seconde carte, la situation de l’Arménie comprenant les trois grands lacs Van, Sevan, et Ourmia relative à l’évolution de l’Empire romain.
L’Empire romain, à la mort d’Auguste, en 14 apr. J.-C.
Sur cette dernière carte, nous constatons nettement la situation de l’Arménie occupée par l’Empire romain.
Que reste t’il du plateau anatolien ? La NATOLIE ou ANATOLIE, (Géog. anc.) on l’appelloit anciennement l’Asie-mineure, grande presqu’île qui s’avance entre la mer Méditerranée & la mer noire, jusqu’à l’Archipel & la mer de Marmara[6].
Comme nous pouvons le constater sur cette carte (ci-dessous) datant de 1743, l’Asie mineure est divisée en trois grandes régions, la Phrygie à l’Ouest, la Cappadoce au centre et l’Arménie à l’Est.
[6] http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.80:187./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/
Dans un second temps, l’auteur parle des frontières arméniennes, sans tenir compte des actes juridiques en vigueur, il sera important de préciser que les frontières de l’Arménie (Occidentale) ont été actées par une sentence arbitrale sous le sceau officiel des Etats-Unis d’Amérique par le Président W. Wilson.[7]
Sur la base du traité international de Paix de Sèvres, l’Article 89 précise que La Turquie et l’Arménie ainsi que les autres Hautes Parties contractantes conviennent de soumettre à l’arbitrage du Président des Etats-Unis d’Amérique la détermination de la frontière entre la Turquie et l’Arménie dans les vilayets d’Erzeroum, Trébizonde, Van et Bitlis et d’accepter sa décision, ainsi que toutes dispositions qu’il pourra prescrire relativement à l’accès à la mer de l’Arménie et la démilitarisation de tout territoire turc adjacent.
Nous reviendrons particulièrement sur la question de la ratification du Traité de Sèvres qui n’a jamais fait l’objet d’une explication.
[7] http://www.western-armenia.eu/WANC/Armenie-Occidentale/dossiers/traite/traite_de_sevres.pdf
L’auteur rappelle aussi que l’Arménie « historique », dont les frontières sont très différentes de celles du pays l’actuel, s’étendaient de manière extensive sur les hauts plateaux, enserrées par les massifs du Caucase au nord et du Taurus au sud. Aujourd’hui, Erevan est la capitale de la République d’Arménie (Orientale) qui, après la dissolution de l’Union soviétique en 1991, se proclama république indépendante.
Sur son élan, l’auteur précise l’ancienneté du peuple arménien de cette façon :
L’historien grec Hérodote (Ve siècle av. J.-C.) reprend l’ancienne tradition grecque selon laquelle les Arméniens descendent des tribus thraco-phrygiennes qui gagnèrent l’Asie Mineure vers 1200 av. J.-C., et qui s’installèrent en 600 av. J.-C. sur les terres appelées Urartu (Ararat).
Ce sera sans tenir compte que la Phrygie est une partie de l’Asie Mineure (cf. carte Asie Mineure 1743) et sans tenir compte des recherches comparées d’historien comme Joseph SANDALGIAN, qui développe cette question dans son livre :
Histoire de l’Arménie – Des Âges du Paganisme – (1410 av. – 305 apr. JC) – 1917
Chapitre III – Sur l’origine ethnique de la nation arménienne. Cette origine n’est pas phrygienne. P54.
L’Histoire de l’Arménie juste avant la constitution de l’Empire de Tirgane le Grand[8],
Tigrane II le Grand (en arménien Տիգրան Մեծ ; né vers 140 et mort en 55 av. J.-C.) est un roi artaxiade d’Arménie ayant régné de 95 à 55 av. J.-C. Sous son règne, l’Arménie connaît son expansion maximale et devient pendant quelques années l’État le plus puissant de l’Orient romain1.
Succédant à son frère Artavazde (II) ou à son père Tigrane Ier (certains auteurs contestent l’existence du premier2,3,4), Tigrane épouse notamment Cléopâtre, fille de Mithridate VI, roi du Pont. Il est impliqué dans les guerres de son époque, contre les Parthes, les Séleucides et les Romains. Vaincu par ces derniers, Tigrane devient leur allié avant de s’éteindre à quatre-vingt-cinq ans. Son fils Artavazde II lui succède.
[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Tigrane_II_d%27Arm%C3%A9nie
Conclusions : : Ici, notre historien J. SANDALGIAN démontre par cette histoire comparée et scientifique, que les Arméniens sont les autochtones primitifs des Phrygiens et non le contraire.
Il serait donc temps, de remettre en cause la falsification de l’histoire d’un peuple aborigène et autochtone que sont les Arméniens primitifs vivant dans leur mère patrie l’Arménie, et rappeler que malgré le fait historique qu’ils aient été victimes d’un plan d’extermination physique et de la destruction de leur civilisation pluri-millénaire, les Arméniens d’Arménie Occidentale y compris ceux qui sont encore en exil, en sont encore aujourd’hui les descendants directs.
Le 09.07.2015
Arménag APRAHAMIAN
Président du Conseil National d’Arménie Occidentale