
Le gouvernement du sultan Abdul Hamid II a fictivement remplacé le nom d’Arménie par des termes tels que Kurdistan ou Anatolie.
Depuis 1880 (suite au traité de San Stefano de 1878), il est interdit d’utiliser le nom d’Arménie dans les documents officiels.
Le processus de « nationalisation » des noms géographiques a été poursuivi par les successeurs idéologiques des Jeunes Turcs, les Kemaistes. Il a pris de l’ampleur pendant l’ère républicaine. À partir de 1923, ils ont officiellement rebaptisé l’ensemble du territoire de l’Arménie Occidentale « Anatolie orientale ».
Il est plus qu’évident que les historiens et chroniqueurs ottomans, contrairement aux Turcs modernes, connaissaient très bien la localisation de l’Arménie et ne la confondaient pas avec l’Anatolie.
Dans les sources européennes et ottomanes, arméniennes, russes, persanes, arabes et autres, l’Arménie n’est pas confondue avec l’Anatolie. Cela reflète, entre autres, le fait que même après la perte de l’État, le peuple arménien constituait toujours une majorité dans sa patrie, qui était également reconnue par les envahisseurs ottomans. Par conséquent, aujourd’hui, il est très douloureux de voir certains historiens arméniens en exil et même certains diplomates et analystes exilés également en Arménie, qui ont commencé à remplacer le terme « Arménie Occidentale » par le terme « Anatolie orientale ».
Ces hommes entreprirent volontiers la tâche de promulguer le décret d’Abdul Hamid II de 1880. Incroyablement, certains historiens de l’exil utilisent même le terme « Anatolie » pour décrire l’ensemble des hauts plateaux arméniens.
C’est inacceptable pour nous, car remplacer l’Arménie Occidentale par le terme « Anatolie orientale » signifierait un rejet volontaire de notre patrie, de notre patrimoine historique et culturel, niant le génocide commis contre les Arméniens, enterrant ses conséquences dans l’oubli. Cela signifie également soutenir la position négative de la Turquie envers les droits de l’Arménie Occidentale et de la nation arménienne.
Nier les droits de l’Arménie Occidentale obtenu en 1920, en croyant pouvoir en échange obtenir un statut d’Etat (pour l’Arménie Orientale y compris l’Artsakh), c’est ce qu’on appelle un leurre politique (de facto) qui n’aboutira qu’en une impasse juridique (de droit).
Arménag Aprahamian
Président du Conseil National d’Arménie Occidentale