
Une personne que j’apprécie beaucoup vient de me faire des reproches parce que, selon elle, je généralise sur les Turcs. Il me rappelle qu’il y a des Arméniens musulmans convertis sous le sabre ottoman et qu’il y a des Mongols chrétiens.
C’est vrai, je généralise, parce que le dictateur d’Azerbaïdjan traite les Arméniens de chiens et je m’en suis sentie affectée. Il ne me connaît pas, s’il sait que je suis là et qu’en généralisant il m’inclut dans son récit, je lui réponds, c’est tout. Je me suis rendu compte que sans même le connaître, je l’avais comme ennemi. Personne n’a le droit de manquer de respect à qui que ce soit, à moins qu’il ne le mérite vraiment. Les Turcs, et je généralise encore, sont ceux qui ont massacré ma famille maternelle à Diarbékir (Arménie Occidentale) usurpée par la Turquie. Il m’est impossible de savoir qui sont les auteurs de ces massacres. Ne pouvant les identifier, je les généralise ; et ce faisant, je les touche d’une certaine manière.
Je vous donne un exemple : si un Chinois commet un crime en dehors de son pays, son pays, aux yeux de l’opinion mondiale, est tout aussi coupable que l’auteur du crime. C’est pourquoi j’ai souligné plus d’une fois que chacun d’entre nous, enfants et petits-enfants survivants du génocide perpétré par l’État turc contre notre grande famille arménienne, reproduit involontairement l’image de notre peuple par son comportement, car nous sommes des ambassadeurs sans portefeuille représentant un peuple millénaire qui a survécu à la barbarie.
Aliev, il m’inclut dans ses prières et ses doléances, et de quel droit ? Toute ma vie j’ai été un honnête homme, je n’ai fait de mal à personne, je n’ai pas escroqué, je n’ai pas volé, je n’ai pas tué, et cet abruti vient m’insulter parce qu’il y pense… Qui qu’il soit, c’est une agression aggravée contre moi. C’est vrai, vous me direz, mais vous n’êtes pas un chien, qu’est-ce que ça peut vous faire ?
Je ne comprends pas pourquoi je devrais passer outre cette offense. Pour le Turc Aliev, je n’ai pas de doigt, et maintenant je ne le respecte même pas. Alors, comme cela me vient à l’esprit, je rendrai gentillesse pour gentillesse dans mes écrits, malgré ma politesse.
Respectueusement.
Raymond Rupén Berberian
Être ; c’est appartenir !
La République d’Arménie Occidentale nous rapproche de nos racines, pensez-y !