La Convention de Chypre est une « alliance défensive » anglo-turque contre la Russie. La convention a été signée entre l’Empire britannique et l’État turc le 4 juin 1878 à Constantinople. C’était la veille de l’ouverture du Congrès de Berlin.
Avec cette convention, la Grande-Bretagne était obligée d’aider l’État turc avec des armes, si Batum, Kars, Ardahan ou l’un d’entre eux capturés dans la guerre russo-turque devaient être détenus par la Russie.
L’État turc a accepté l’occupation de Chypre par la Grande-Bretagne.
Dans le même temps, par l’accord secret signé avec la Russie plus tôt le 30 mai, la Grande-Bretagne ne s’opposait plus à la revendication russe sur Batoumi, Ardahan et Kars, recevant l’assurance de la Russie qu’elle restituerait les autres régions qu’elle avait conquises en Asie Mineure ( Bayazet et la vallée d’Alashkert) à l’État turc et à l’avenir, la Russie n’étendra pas sa frontière en direction de l’État turc d’Asie.
En 1878, la signature de tels accords à la veille du Congrès de Berlin visait, d’une part, à assurer le soutien de l’Angleterre à l’État turc. Tout en révisant les articles du traité de San Stefano sur les frontières russo-turques, d’autre part, pour renforcer l’influence de l’Angleterre dans l’État turc et au Moyen-Orient en général. La diplomatie anglaise, fidèle à sa politique traditionnelle, a freiné la poursuite de l’avancée de la Russie victorieuse en Arménie Occidentale, qui menaçait les intérêts de l’Empire britannique dans cette région, et, en même temps, a fait secrètement quelques concessions de l’État turc à la Russie en Arménie Occidentale, s’empara de l’île de Chypre, renforçant encore sa position dans les voies navigables menant à l’Inde à travers la Méditerranée Orientale, préparant également le terrain pour la future conquête de l’Égypte (qu’il réalisa en 1882).
Quant aux réformes arméniennes, qui étaient prévues par l’article 16 du traité de San Stefano, en entreprenant leur mise en œuvre d’un commun accord avec la Turquie, l’Angleterre avec la Convention de Chypre a en fait privé la Russie de la possibilité réelle de contrôler les réformes (puisque, selon le traité de San Stefano, ils devaient être mis en œuvre jusqu’au retrait des troupes russes d’Arménie Occidentale) et le remplace par la formulation vague de l’État turc « pour introduire des améliorations dans les zones habitées par les Arméniens ».
A l’époque du Congrès de Berlin, l’Angleterre compléta la Convention de Chypre (le 1er juillet 1878) par un autre article selon lequel, en cas de restitution de Kars et d’autres lieux occupés par la Russie à l’Etat turc, l’Angleterre devait évacuer les l’île de Chypre, et la convention chypriote perdra sa force. Mais dans les conditions de la première guerre mondiale, lorsque l’État turc est apparu aux côtés de l’Allemagne, l’Angleterre en 1914 par l’arrêté royal du 5 novembre, a annulé la Convention de Chypre et annoncé l’annexion de Chypre.