Le projet allemand de construction du chemin de fer Berlin-Bagdad et de déportation des Arméniens vers la Mésopotamie.

En reprenant la construction et l’exploitation de ce chemin de fer à travers l’Empire ottoman à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l’Allemagne a cherché à établir son contrôle sur l’Empire ottoman, à saper les positions de l’Angleterre en Inde et en Égypte et à affaiblir les positions de la Russie dans le Caucase. 

L’Allemagne a également lié la question de la construction du chemin de fer de Bagdad à ses plans économiques et militaro-politiques en Arménie Occidentale. Dans les cercles politiques allemands, ils pensaient que pour créer une homogénéité turque en Arménie Occidentale, il était nécessaire de réinstaller massivement les Arméniens sur les chantiers de construction du chemin de fer de Bagdad, ce qui résoudrait deux problèmes importants, la construction du chemin de fer serait dotée d’une main-d’œuvre entrepreneuriale et qualifiée, d’autre part, l’influence russe en Arménie Occidentale serait affaiblie. 

En particulier, le célèbre politologue allemand Paul Rohrbach a estimé que « … les Arméniens de souche devraient être expulsés d’Arménie Occidentale et les musulmans amenés de Thrace et de Russie devraient être réinstallés à leur place, et dans ce cas, l’Arménie se séparera de la Russie en d’un seul coup. » Rohrbach a proposé de faire migrer les Arméniens d’Arménie Occidentale vers la Mésopotamie, ce qui, à son avis, contribuerait au « … développement économique de la route ». 

Cette vision des Allemands est devenue la base de la politique pro-arménienne des Jeunes Turcs. La décision des Jeunes Turcs de résoudre la question des Arméniens d’Arménie Occidentale par le génocide fut finalement adoptée au début des années 1910 lors d’une série de réunions et de consultations secrètes du Comité central du Parti Union et Progrès. 

En ce sens, 1911 fut remarquable. Le congrès régulier du parti a été convoqué à Thessalonique, où le problème de la turquification forcée des peuples autochtones de l’empire a été clairement énoncé, qui s’étendait également aux Arméniens vivant sur le territoire de l’empire. Les décisions adoptées lors de ce congrès devinrent un document officiel de la politique planifiée des Jeunes-Turcs. Quelque temps après cela, sous la signature de Talaat, le ministre des Affaires intérieures de l’État turc, des instructions secrètes spéciales ont été envoyées aux organes gouvernementaux locaux de l’empire concernant des mesures préparatoires spéciales pour la destruction des Arménien