
Le ministre de la Culture de Bakou, Adil Karimli, a présenté Chouchi comme ville candidate pour le titre de capitale culturelle islamique 2024 lors de la 12e Conférence des ministres de la Culture du monde islamique. Il est indiqué dans la déclaration : « La ville de Chouchi était l’un des centres importants de la vie historique, culturelle, sociale et politique de Bakou, ainsi que l’un des symboles de la civilisation islamique. » En 2024, par décision unanime des participants à la conférence, Chouchi a été déclarée capitale culturelle du monde islamique en 2024.
Depuis sa fondation, Chouchi est une ville non seulement de musulmans, mais aussi de chrétiens arméniens, l’un des centres les plus célèbres de la civilisation arménienne des XVIIIe et XXe siècles. Et la déclaration de la ville comme capitale culturelle du monde islamique viole clairement les principes fondamentaux de l’historicité de la ville, de son authenticité et de son intégrité, qui découlent de la loi de 1994, du document de Nara sur l’authenticité du patrimoine culturel, ainsi que du document adopté par le Conseil international pour la préservation des monuments et des sites (ICOMOS) à New Delhi en 2017, et des documents de l’UNESCO et d’autres organisations internationales.
Le Document de Nara sur la protection des principes d’authenticité stipule que lorsque les valeurs culturelles sont en conflit, la reconnaissance de la légitimité des valeurs culturelles est requise. Et le fait de l’authenticité du patrimoine culturel ne doit en aucun cas être subordonné (Document de Nara sur l’authenticité, paragraphe 8). La déclaration de la ville de Chouchi comme capitale culturelle du monde musulman compromet considérablement l’authenticité de l’histoire de la ville, ses traditions, ses éléments externes et internes et les réalités historiques de la population à l’égard de la ville. Il convient également de se référer à la « Convention européenne pour la protection du paysage », adoptée à Florence en 2000, qui appelle à préserver l’ensemble des établissements urbains, y compris le paysage naturel, son essence et ses particularités, à valoriser le patrimoine qui est le résultat d’une activité naturelle et/ou humaine.
Par la même convention, Bakou s’engage à reconnaître les paysages naturels de la ville de Chouchi comme composantes essentielles de l’habitat des Arméniens d’Artsakh, expression du patrimoine culturel et naturel de ces derniers et fondement de son identité (Convention européenne sur le paysage, article 5) et toute action qui nierait ce fait porterait gravement atteinte au patrimoine culturel de la ville de Chouchi et à la conservation du patrimoine naturel matériel et immatériel. Attribuer la ville de Chouchi au seul monde musulman nie évidemment les droits culturels de la communauté arménienne d’Artsakh, en vertu desquels elle a droit soit à la vie, soit à la préservation du patrimoine créé grâce à son esprit créatif, qui peut également inclure le domaine immatériel (tradition, idées, croyances, mémoire culturelle, etc.) tel qu’établi dans les normes du droit international humanitaire.