WESTERN ARMENIA – Le 24 avril 2018, sous la présidence d’honneur de Sébastien Leroy, Maire de Mandelieu-la Napoule, Arménag Aprahamian a initié une cérémonie commémorative des victimes du génocide perpétré contre les Arméniens par la Turquie de 1894 à 1923. Voici un extrait de son discours.
Dans le cadre du Centenaire du début du processus d’indépendance de l’Arménie Occidentale.
Cette année comme traditionnellement, nous sommes réunis pour commémorer les victimes d’un génocide, c’est-à-dire les victimes d’une politique d’extermination systématique d’un peuple autochtone qui a des conséquences jusqu’à aujourd’hui dans tout le Moyen-Orient, par l’occupation des terres, territoire et ressources de ce peuple, par le bafouement du droit international, puisque un génocide non réparé est un génocide qui se perpétue dans le temps.
Aussi, lorsque l’on pose la question aux historiens, mais pour quelles raisons faites-vous abstraction des massacres génocidaires qui se sont produits à partir de la région du Sassoun jusqu’à toute l’Arménie Occidentale à partir de 1894, les historiens nous répondent qu’ils n’ont pas eu suffisamment de temps pour se consacrer à cette période de l’histoire.
Un siècle, oui, un siècle n’est pas suffisant pour faire les recherches nécessaire, et ce serait pour cette ridicule raison qu’il a été présenté aux députés français un mémoire qui prétend que le génocide des Arméniens transformé artificiellement en un « génocide arménien », alors que le génocide, le crime n’est pas arménien, il est turc, a débuté en 1915. La falsification continue et pour y remédier, il suffit d’aller aux archives de la bibliothèque nationale. Ainsi, nous pourrons lire dans les archives diplomatiques du ministère français des affaires étrangères.
Les événements tragiques de Sassoun en aout et septembre 1894
Les incidents de Sassoun ont-ils pour cause principale les exactions des Kurdes puis des régiments de Bachi-bouzouk hamidiés et la tolérance de l’administration locale? Sont-ils, comme on le prétend, le résultat d’une agitation arménienne, provoquée et encouragée du dehors? Peut-on dire qu’il y ait eu rébellion contre l’autorité ottomane? La répression a-t-elle été proportionnée à la gravité du mouvement? Le mouvement n’était-il lui-même qu’une de ces luttes fréquentes entre deux groupes de races différentes pour la possession de troupeaux ou de récoltes? Les corps de troupes envoyés sur les lieux se sont-ils rendus coupables d’excès? Ces corps appartenaient-ils tous à l’armée régulière?
Sébatsien Leroy – Maire de Mandelieu-la Napoule
En conséquence de l’arbitraire du traité de Berlin et de son article 61, des émeutes éclatèrent à Erzeroum, à Constantinople, à Marsevan, Amasya, Kayseri, Yozgat et Tokat. Elles furent réprimées sans pitié et suivies d’un procès ou comparurent plus de cent cinquante personnes, ramassées sans aucun discernement parmi les émeutiers et les gens les plus pacifiques.
Ce sera la région de Sassoun qui subira en premier le plan systématique et méthodique d’extermination de la population civile arménienne.
Durant l’été 1894, après un appel au Jihad, les Kurdes Bachi-bouzouks et les soldats turcs égorgèrent les hommes puis Les femmes et les mères affolés mettant la main sur la bouche de leurs enfants qui crient, pour ne pas être trahis par ces cris dans la fuite sous bois et les enfants cachés, tapis sous les pierres, dans les racines des arbres et égorgés par centaines ; et les femmes enceintes éventrées et leurs fétus embrochés et promenés au bout des baïonnettes ; et les filles distribuées entre les soldats turcs et kurdes et violées jusqu’à ce que les soldats ayant épuisés leurs outrages les fusilles enfin en un exercice monstrueux de sadisme avec des balles partant du bas-ventre et passant au crâne …
Extrait du discours de Jean Jaurès à la Chambre du Sénat le 3 novembre 1896.
Effectivement, Les faits de Sassoun ont attirés l’opinion publique et la France qui avait sur place un Consul. Ce Consul a noté quotidiennement, ville par ville, village par village, les conséquences de cette catastrophe. Cette boucherie qui s’est poursuivie dans toute l’Arménie Occidentale y compris en Cilicie et qui fit 300.000 victimes. Et certains veulent encore nous faire croire que le génocide des Arméniens a débuté en 1915….
La fin de la première guerre mondiale
Comme je l’ai déjà précisé, la France s’est honorée d’avoir durant l’été 1915 recueilli les rescapés du Mont Moise puis formé la Légion d’Orient le 15 novembre 1916, qui se transformera en une Légion arménienne pour devenir le noyau de la future armée nationale de l’Arménie Occidentale.
Mais le gouvernement d’Aristide Briand qui a été l’un des premiers témoins de cet abominable génocide et après avoir envoyé la Légion d’Orient pour libérée la Cilicie qui comprend les villes d’Adana, d’Antioche et d’Afrin, a négocié le transfert de la Cilicie au régime kémaliste en octobre 1921 pour une durée de 99 ans.
1921 – 2020, on comprend mieux pourquoi le Président Erdogan et venu demander le feu vert du Président Macron le 5 janvier 2018, jour du massacre des Arméniens de Marach, pour envahir la région d’Afrin.
La situation aujourd’hui
Feu le Colonel Arnaud Beltrame est une victime de ce Jihad qui a commencé en 1894 et qui s’étend maintenant à travers tout le Moyen-Orient et l’Europe. En abandonnant le mandat de protection des populations civiles et en refusant de ratifier le traité de Sèvres, dernière intervention d’humanité des puissances en Arménie Occidentale, l’Occident et ses apprentis sorciers ont créé un monstre qui frappe à la porte de l’Europe.
Certains ont encore l’audace d’essayer de fleureter avec lui pour quelques subsides.
Mais pour arrêter ce monstre la seule solution est la stricte application du droit international, tel qu’il a été décidé en 1920.
Comme vous le percevez très bien, chers amis, chers compatriotes, le droit international doit être revisité et appliqué sur ses fondamentaux, dans le cas contraire, nous poursuivrons « notre chute dans les abîmes du chaos et du barbarisme ».
Effectivement ce n’est pas une prévision réjouissante, elle est à l’image de ce que les Arméniens ont vécu, près d’un peu plus d’un siècle auparavant, mais c’est une prévision qui peut ne pas se réaliser, si nous faisons ensemble le meilleur choix, c’est aussi pour cette raison que nous sommes réunis aujourd’hui, pour faire ensemble le meilleur choix.
Merci, pour votre attention !
Jean Ghazarossian – Président de l’AACFROA
Monseigneur Daron Djeredjian