WESTERN ARMENIA – Si le génocide des Arméniens est non seulement imprescriptible mais il est tout aussi indescriptible dans sa complexité, essayons d’y voir plus clair.
Il est maintenant vérifié et certifié que le génocide des Arméniens, nation autochtone, s’est perpétré en Arménie Occidentale comme l’atteste par exemple :
La République d’Arménie dans sa déclaration d’indépendance du 23.08.1990
- La République d’Arménie soutient la cause de la reconnaissance internationale du génocide des Arméniens de 1915 en Arménie Occidentale et en Turquie Ottomane.
Ou bien dans les trois résolutions de la Douma Russe
Le 24 Avril 2006 La Douma russe a adoptée à trois reprises [à l’unanimité] des résolutions reconnaissant et condamnant le génocide des Arméniens en Arménie occidentale:
* Le 22 avril 1994
* Le 14 avril 1995
* Le 22 avril 2005
* Vendredi 22 avril 1994
Résolution adoptée à l’unanimité « Le XXème siècle a été marqué par de grandes victoires de l’esprit humain ; Mais il restera aussi dans l’Histoire pour ses terribles guerres mondiales, ses régimes totalitaires et ses crimes horribles contre l’humanité. Le premier cas de génocide de ce siècle a été le massacre du peuple arménien et sa déportation de l’Empire ottoman en 1915-1916. Plus d’un million de personnes ont été tuées et un grand préjudice a été causé à la famille des nations. La profonde tristesse de l’humanité pour ceux qui ont péri, comme pour les poètes, les paysans, les peintres et tous ceux qui n’ont pu naître, est éternelle et universelle, sans considération de la nationalité ou de la religion. La Douma d’Etat de l’Assemblée fédérale de la Fédération russe, à la veille de la 79ème année commémorative de cette tragédie, condamne le génocide des Arméniens, exprime ses condoléances au peuple arménien ainsi que sa sympathie aux descendants de toutes les victimes du génocide, vivant dans la Fédération de Russie et partout à travers le monde. La mémoire et la conscience, qui nous accompagnent toujours, portent témoignage d’un siècle qui ne s’écoulera pas en vain. »
* April 14, 1995
Resolution by the State Duma of Federal Assembly of the Russian Federation* April 14, 1995 Based on irrefutable historic facts which attest to the extermination of Armenians on the territory of Western Armenia from 1915 to 1922 and, in accordance with the following Conventions adopted by the United Nations: 1- Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, December 9, 1948; 2- Convention on the Non-Applicability of Statutory Limitations to War Crimes and Crimes Against Humanity, November 26, 1968; Aspiring to restore the humanitarian traditions of the Russian State and, Emphasizing that through the initiative of Russia, the Great European Powers already in 1915 characterized the actions of the Turkish Empire against the Armenian people as a « Crime Against Humanity » and, Noting that the physical extermination of the fraternal Armenian people in its historic homeland aimed at destroying Russia; The State Duma of the Federal Assembly of the Russian Federation: Condemns the perpetrators of the extermination of Armenians from 1915 to 1922; Expresses its deep sympathy to the Armenian people and recognizes April 24 as a day of remembrance for the victims of the Genocide.
Vendredi 14 avril 1995 o
Pour la résolution : 282 voix – Contre la résolution : 0 voix – Abstention : 0 voix « Se fondant sur les preuves irréfutables qui témoignent du massacre des Arméniens survenu de 1915 à 1922 sur le territoire de l’Arménie occidentale ; Conformément aux conventions de l’ONU :
1- du 9 décembre 1948 concernant la prévention et la répression du crime de génocide ;
2- du 26 novembre 1968 concernant l’imprescriptibilité des crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; Soucieux dans le même temps de restaurer la vocation de l’Etat russe en matière de droits de l’Homme ; Soulignant qu’en 1915 déjà, à l’initiative de la Russie, les puissances européennes avaient qualifié le massacre des Arméniens de crimes contre l’humanité ; Rappelant que la politique d’élimination de l’élément arménien du territoire de l’Arménie historique obéissant aussi à une volonté de nuire à la Russie ; Condamne les responsables de l’extermination de la population arménienne de 1915 à 1922. Exprime sa profonde sympathie au peuple arménien et considère le 24 avril comme journée des victimes du génocide ».
En 2005, une autre Résolution:
Russian Parliament Denounces Armenian’s Genocide Ahead of 90th Commemoration The Russian State Duma passed a resolution on Friday denouncing the genocide of the Armenians in 1915 following a unanimous vote just ahead of the start of the 90th Commemoration of the massacres in Turkey and western Armenia.
“The deputies of the State Duma fully denounce the act genocide and believe that the entire international community should commemorate the 90th anniversary,” the Interfax news agency quoted the resolution as saying. The deputies called it one the most “tragic” and “cruel” events of the 20th century. April 24 is seen as the date when the massacres began. Russia was among the first to recognize the genocide in 1915, and remains among a handful of countries that recognize the massacre of some 1.5 million Armenians between 1915 and 1920 by Turks as genocide. Turkey itself still does not recognize the genocide, and neither does the United States, where Congress has pressed for recognition several times. Canada has joined the group of countries that recognizes the genocide. Many countries, such as the United States and Israel, are reluctant to recognize the genocide because they fear it would strain relations with Turkey, a NATO member that is seen as a stable democracy in the Middle East.
Ou par exemple, la Bolivie qui reconnait un génocide des Arméniens en Arménie Occidentale
Le 30 Novembre 2014, les deux chambres du Parlement bolivien ont reconnu le Génocide des Arméniens. La résolution déclare particulièrement: «La nuit du 24 avril 2015, les dirigeants Jeunes Turcs du parti politique “Union et Progrès” ont organisé l’arrestation et la déportation des intellectuels, des figures sociales, politiques, des ecclésiastiques, des médecins et d’autres. Ensuite, ils ont organisé les massacres de masse de la population arménienne en Arménie Occidentale et en Anatolie».
L’Assemblée législative plurinationale de Bolivie partage la lutte du peuple arménien pour ses justes revendications pour le respect des droits de l’homme et le rétablissement de la vérité et de la justice et en est solidaire. Elle réaffirme en conséquence : son ferme attachement aux droits de l’homme, à la vérité, à la justice, à la solidarité et sa condamnation de toute politique négationniste concernant le génocide et les crimes contre l’humanité subis par la nation arménienne.
Alors que dans le cadre de la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948 et dans sa définition, il est précisé que la Convention se base sur trois crimes de génocide :
- La persécution des Romains contre les Chrétiens
- Les massacres turcs des Arméniens
- L’extermination de millions de Juifs et de Polonais par les Nazis
La France, elle, se distingue en reconnaissant le crime de génocide comme étant soi-disant arménien en 1915 alors que le crime de génocide est turc. Pas de coupables, pas de victimes, pas de lieu géographique, et une date qui laisse perplexe.
Alors qu’elle avait déjà déclaré le 24 mai 1915 avec la Grande-Bretagne et la Russie :
DÉCLARATION DE LA TRIPLE DU 24 MAI 19 ENTENTE DU 24 MAI 1915 (SOURCE: RDIP/AGENCE HAVAS)
France, Grande-Bretagne et Russie– Déclaration de la Triple tenant pour responsable le gouvernement turc des massacres commis par la Turquie en Arménie, en date du 24 mai 1915.
Depuis un mois environ, la population kurde et turque de l’Arménie procède de connivence et souvent avec l’aide des autorités ottomanes, à des massacres des Arméniens. De tels massacres ont eu lieu vers la mi-avril (nouveau style) à Erzeroum, Dertchun, Eguine, Akn, Bitlis, Mouch, Sassoun, Zeitoun, et dans toute la Cilicie: les habitants d’une centaine de villages aux environs de Van ont été tous assassinés; dans la ville même, le quartier arménien est assiégé par les Kurdes, en même temps à Constantinople, le gouvernement ottoman sévit contre la population arménienne inoffensive.
En présence de ces nouveaux crimes contre l’Humanité et la Civilisation, les gouvernements alliés font savoir publiquement à la Sublime-Porte qu’ils tiendront personnellement responsable des dits crimes tous les membres du gouvernement ottoman ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans de pareils massacres.
Mais alors que s’est-il passé en France pour avoir obtenu une reconnaissance d’un « génocide arménien en 1915 », minimisation grossière d’une réalité historique, voilà ce que dit le député François Rochebloine dans son rapport parlementaire.
– D’après M. Alexis Govciyan, Président du Comité du 24 avril et le Dr Kevork Kepenekian, membre du Bureau du Comité de Défense de la cause arménienne (CDCA), entendus le 9 janvier dernier par votre Rapporteur, la reconnaissance du « génocide arménien » par les Etats membres de l’Union européenne devrait encourager le développement des forces démocratiques en Turquie. Elle constitue un préalable à l’instauration de la paix dans le Caucase. Falsifier la mémoire entrave le deuil et nuit aux tentatives de réconciliation.
Plusieurs sénateurs se sont interrogés sur la constitutionnalité du dispositif de la proposition de loi et plus généralement sur la qualification de l’Histoire par le Parlement. Certes la formulation du dispositif « la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 » a un caractère déclaratif puisqu’aucune sanction n’est prévue en cas de négation du génocide arménien. Selon MM. Govciyan et Kepenekian, le dispositif de ce texte démontre l’existence d’une volonté politique plus que juridique d’accomplir un devoir de mémoire. Son caractère déclaratif satisfait la communauté arménienne de France qui n’a pas l’intention de s’en prévaloir pour obtenir des réparations en France. Elle pourrait comme le soulignait à l’époque M. Jack Lang alors Président de la Commission des Affaires étrangères, constituer un précédent intéressant pour l’institution parlementaire qui s’est vue privée du droit de voter des résolutions.
Ainsi au nom de la communauté arménienne de France, ces personnes ont déclarés sans aucune légitimité que les Arméniens n’ont pas l’intention de se prévaloir d’une reconnaissance pour obtenir des réparations.
On peut aussi rappeler le type de reconnaissance du Parlement européen en 1987
« 2- est d’avis que les événements tragiques qui se sont déroulés en 1915 -1917 contre les Arméniens établis sur le territoire de l’Empire ottoman constituent un génocide au sens de la convention pour la prévention et la répression de crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, le 9 décembre 1948 ; reconnaît cependant que la Turquie actuelle ne saurait être tenue pour responsable du drame vécu par les Arméniens de l’Empire ottoman et souligne avec force que la reconnaissance de ces événements historiques en tant que génocide ne peut donner lieu à aucune revendication d’ordre politique, juridique ou matérielle à l’adresse de la Turquie d’aujourd’hui ;
Le génocide des Arméniens est donc comme tous les génocides un crime imprescriptible. Mais il est tout aussi indescriptible dans sa profondeur quand à la façon, dont certains Etats et leurs complices tentent par tous les moyens de dénaturer le crime, de falsifier l’historicité du crime voire même de lui ôter l’identité nationale des victimes si possible.
Le génocide des Arméniens est indescriptible dans sa complexité, parce que certains Etats et officines complices non seulement dénaturent les droits à l’existence des survivants, quand bien même si ces survivants ont obtenu la reconnaissance officielle de leur Etat par le Conseil Suprême des Alliés en 1920. De plus ils nient leur existence; c’est-à-dire que les survivants n’existeraient pas aujourd’hui et donc ils n’ont aucun droit, puisque le droit aux réparations ne s’applique qu’aux vivants.
Mais, nous sommes dans un délire monumental, quand une partie de ces survivants lobotomisés affirment fermement à leur tour leur négation de l’existence des Arméniens d’Arménie Occidentale c’est-à-dire d’autres survivants. On pourrait appeler cela le « Syndrome des Janissaires, victimes du Devchirmé ».
Aussi et en fait, si le génocide des Arméniens est indescriptible, ses conséquences en sont tout aussi imprescriptibles. Et les Arméniens d’Arménie Occidentale subissent cette discrimination raciale dans leur quotidien.
C’est grave, docteur ! Non, c’est un génocide !
Arménag APRAHAMIAN
Président du Conseil National d’Arménie Occidentale